08 septembre 2006

[Cinéma] Selon Charlie (par MizAxton)


Charlie détient un secret. Il attend dans la voiture pendant que son Papa trompe sa Maman ; il couvre les mensonges de son père. Mais le poids du silence devient soudain trop lourd lorsqu’il découvre que la maîtresse de son père est aussi la compagne de ce professeur de science qu’il apprécie et à qui désormais il n’arrive plus à parler… autour de ces 5 personnages, gravitent encore un Maire de 50 ans, amoureux comme un adolescent d’une jeune banlieusarde, un chercheur qui a accepté de venir donner quelques conférences dans sa ville natale pour une raison bien précise; un brocanteur trempant dans des combines trop louches ; et une jeune tennisman sous pression.

Voici la trame a peine esquissée du dernier film de Nicole Garcia qui, une fois n’est pas coutume, a divisé la critique au dernier festival de Cannes. Ce film chorale à la française échoue comme toujours à égaler ses modèles américains (Magnolia, Collision, Short Cut semblant indétrônables), mais offre une très belle réflexion sur la fidélité : en amour, en amitié, au travail et surtout à soi-même.

Les différentes histoires se croisent avec des bonheurs divers. On a effectivement peine à accrocher à ce joueur de Tennis taciturne et renfermé, et malgré la prestation toujours épatante de Benoit Poelvoorde, on comprend mal la place de ce personnage d’escroc à la petite semaine dans le récit.

Seul importe, à mes yeux, l’histoire de ce jeune professeur de Sciences trompé. Benoît Magimel éblouit dans cette composition tout en retenue et se montre bouleversant du début à la fin. Ni Jean-Pierre Bacri, dans un rôle sur mesure, ni Vincent Lyndon, parfait de justesse, ne parviennent à effacer le jeu du jeune Magimel qui transforme ici son statut de valeur montante en celui de valeur sûre.

Toutefois, au-delà cette histoire d’adultère, le film tourne parfois à vide. Nicolas Garcia veut être Truffaut à la place de Truffaut (le jeune acteur jouant Charlie (Ferdinand Martin) n’est pas sans rappeler Victor, l’enfant Sauvage de Truffaut, et court sur la plage à la fin du film comme Antoine Doinel dans les 400 coups), mais elle confond second rôle et rôle anecdotique, et oublie la leçon principal de François Truffaut : Précision et Clarté. On aurait préféré que Garcia concentre son récit sur une seule histoire dont les autres n’aurait été que les satellites réalistes ou humoristiques. Au lieu de cela, elle tente d’englober toutes les histoires et de leur donner à chacune une profondeur qu’elle ne parvient pas à créer.

Du coup, chaque récit s’en trouve pénalisé au profit des autres. Le film, dont le début est presque trop parfait, semble finalement bancal, et souffre même dans sa seconde partie de quelques longueurs.

Cependant, la réalisation est impeccable, subtile, effacée, mais intelligente ; le jeu des acteurs est parfait, fin, attentif et juste. Et surtout, l’émotion est réellement au rendez-vous de Selon Charlie qui est un film agréable, touchant, habilement mené et savamment dosé.

Je recommande donc Selon Charlie à tous les amateurs du cinéma français post-Nouvelle-Vague, mais je le déconseille fortement aux inconditionnels du cinéma d’action américain.

Cote : 7/10