"Combien de temps les hommes pourront-ils se cacher derrière un mur de briques, en arpentant l'asphalte, les pavés, et en respirant les fumées toxiques, grandissant, travaillant, mourant, ne voyant plus jamais la beauté du vent, du ciel, des champs, mais uniquement celle des produits mécaniques et d'une qualité de vie basée sur le chimique?"
-Charles A. Lindbergh, Reader's Digest, novembre 1939
"Nous avons peut-être sauvegardé la planète pour l'instant, mais en restant bien trop radins"
-Kurt Vonnegut, Jr
Les tendances de l'argent
Sciencelucrativedesfluctuationsmonétaires
La contradiction des puissants: E-mail du bureau de Dubaï, daté du 4 février 2004: "Quand vient le sujet difficile du réchauffement planétaire, niez, niez, et niez en bloc". Ce message a été envoyé à tous les assistants de presse des Républicains du Congrès, pour leur conseiller une façon de répondre aux questions de l'environnement dans l'année précédant les élections présidentielles. Il insiste même: "Donnez des estimations optimistes, en affirmant que le changement climatique n'a pas été prouvé, que la qualité de l'air s'améliore, que les forêts se développent et ne meurent pas, que les réserves de pétrole ne baissent pas, que l'eau devient plus propre et accessible à tous. Les tenants de la théorie de l'apocalypse doivent passer pour des extrémistes".
Oui parmi toutes ces notes de service, certaines sont particulièrement éloquentes: "Les liens entre la qualité de l'air et l'asthme infantile restent obscurs. Et l'Agence de Protection de l'environnement US exagère lorsqu'elle affirme que 40% des courants, rivières, et lacs sont pollués et devraient être interdits à la consommation, la pêche, ou la baignade".
Ces gars-là essaient tout ce qu'ils peuvent, sans vergogne. Pour soutenir l'affirmation comme quoi la qualité de l'air va en s'améliorant, les autorités s'appuient sur un rapport de l'Institut de Recherche Pacifique (organisation qui à reçu 130000 dollars de dons de Exxon Mobil depuis 1998). Aujourd'hui, présenter une opinion progouvernementale en matière de changement climatique est devenu un business lucratif. Soixante organisations établies en font commerce aux Etats-Unis, chacune ayant reçu en contrepartie des fonds de groupes pétroliers pour les aider à déboulonner la théorie du réchauffement et faire campagne contre les actions combattant l'extraction et la production de pétrole. L'Europe et l'Australie ont également leur lot, le plus souvent entretenu par les industriels du CO2.
Depuis 1998, Exxon Mobil, le plus grand producteur d'énergie au monde, a octroyé à lui seul plus de 18 millions de dollars aux compagnies s'opposant au protocole de Kyoto.
Allez, y a pas de mal!
Soyons honnêtes, les lobbys pétroliers ont tout d'abord tenté de détruire la théorie du changement climatique de manière assez originale. Un dénommé Fred Palmer, autrefois à la tête de Western Fuels (le plus grand producteur du monde à l'époque) a mené campagne dans les années 90 afin de tripler le niveau de CO2 pompé dans l'atmosphère. Un film d'accompagnement intitulé "Comment Verdir de la Planète" suggérait alors que cette augmentation artificielle du taux de CO2 pouvait stimuler l'agriculture de 30 à 60%. Et mener vers la fin des famines, et l'entrée dans une ère éternelle de joie infinie et de bonheur ensoleillé.
Une vision qui a été largement rejetée par les scientifiques. En effet, ceux-ci attestent que dans ce cas de figure, si le Canada, l'Alaska, et la Sibérie observent une large augmentation de leur biomasse céréalière, l'Europe quant à elle, note sa chute avec la modification du Gulf Stream. La ceinture tropicale équatoriale fortement peuplée se transforme en désert aride, le Sahara s'étend jusqu'aux régions sud de la Méditerranée, et la Chine se fait avaler par le désert de Gobi. Ne parlons même pas des problèmes liés à la fonte des glaces.
Fumée et miroirs
Les intrépides défenseurs de cette alternative au changement climatique regroupent la Cooler Heads Coalition (Coalition des Têtes froides), formée pour faire taire les mythes du réchauffement en lui opposant des données en terme économiques, scientifiques, et de risques; l'Alliance pour les stratégies du climat, dont l'institut Pétrolifère Américain est un membre clé; le Centre d'Etude du Dioxyde de Carbone et du changement climatique (CEDCC), qui dissémine les rapports factuels et récupère les commentaires liés aux développement[ortho : développements] innovants des scientifiques internationaux afin de déterminer les conséquences climatiques et biologiques de l'augmentation de CO2 dans l'air.
Le magazine du Center (CEDCC) et le site web de CO2 Science proposent tous les deux des articles qui s'interrogent sur l'existence d'un changement climatique, en mettant en exergue les bénéfices pour la biosphère de son enrichissement en dioxyde de carbone. Tous les aspects du changement et ses effets envisagés (depuis la fonte des calottes polaires à l'extinction des espèces, en passant par les dommages météorologiques sévères) sont critiqués par le Center, voire même réfutés ou présentés comme bénéfiques. Fred Palmer (le chacal de Western Fuels) affirme: "L'opinion du Center est un antidote nécessaire aux erreurs et théories diffamatoires des scientifiques qu'adoptent des dirigeants politiques, comme le vice-président Al Gore". Le Center tente depuis de s'émanciper de la Western Fuels Association, bien qu'il soit tenu par les frères Idso, Keith et Craig, et leur père Sherwood, tous trois ayant reçu à un moment ou un autre des émoluments confortables de la société en question. Le Centre d'Etude du Dioxyde deCarbone et Changement Climatique a reçu 90000 dollars de Exxon Mobil depuis 1998.
Par intérêt dites-vous?
Bien entendu, Exxon Mobil nie toute ingérence, quand bien même elle représente la plus grande corporation du monde avec 17 milliards de dollars de profits annuels. Est-ce vraiment une surprise d'entendre que cette entreprise utilise une partie de ses profits pour semer la confusion dans les débats sur le changement climatique, connaissant les sommes qui sont vraiment en jeu?
Car c'est bien ce dont il s'agit, non?
El Gringo-O-STR 49272 - reporter indépendant
