25 août 2006

[BD] ARQ (Andreas) un monde à décortiquer (par MizAxton)


Dans un hôtel bon marché, à chaque étage se passe un drame personnel. 6 personnages sont à un tournant de leur vie. Brusquement, ils se retrouvent tous les 6 projetés dans un monde inconnu. Comment sont-ils arrivés là? Où sont-ils? Qui sont ces créatures qui les attaquent dès leur arrivée et séparent les hommes des femmes? Quel lien les unis? Tel est le point de départ de Arq, excellente série de l'excellent Andreas. Après Rock, indispensable pour tous les amateurs de fantastique à la Lovecraft, et en marge de Capricorne, le détective expert en sciences occultes qui a oublié son nom, Andreas continue à inventer un nouveau langage pour la bande dessinée. Obscure, exigent, ses scénarii méritent de nombreuses lectures avant de livrer l'essentiel de leur richesse. Mais la magie d'Andreas ne serait pas si intense sans son extraordinaire dessin. Andreas mélange les styles et les matières pour offrir un univers multiple et varié. Influencé certainement par le cinéma (avec des effets de zoom, de travelling, de panoramique...), il sait qu'un dessinateur de BD ne doit pas se contenter d'illustrer le scénario, mais qu'il doit avant tout raconter son histoire par le dessin. Lire les bulles ne suffit pas, chez Andreas. C'est comme essayer d'écouter un film de David Lynch sans regarder les images! Il faut prendre le temps de s'arrêter sur les planches pour observer les cases et décortiquer les événements de l'histoire. Les personnages d'Andreas sont des êtres en métamorphose perpétuelle, ils ne se contentent pas d'évoluer, ils mutent. A ce titre, chaque tome de ses séries bénéfice d'un originalité formelle. Les histoires d'Andreas sont avant tout des quêtes d'identité à travers des légendes anciennes qui rattrapent le présent et annoncent l'avenir. Rock est la série la plus emblématique d'Andreas, 7 tomes aussi différents les uns que les autres, mais qui, au final, font découvrir un récit d'une richesse formidable et, selon moi, unique dans la bande dessinée actuelle. Mais commencer sa rencontre avec Andreas par Arq me semble plus évident, car cet auteur demande une participation active de ses lecteurs, et cette série est (un peu) plus abordable. Le jeu en vaut la chandelle et, croyez-moi, vos efforts seront très vite récompensés. En plus, je soupçonne les auteurs de Lost d’avoir piqué leurs idées dans Arq… A bonne entendeur.