15 septembre 2006

[Musique] Chansons de la semaine (par MizAxton)



Lorsque * Cup * m’a proposé de demander chaque semaine à un citoyen différent de parler de sa chanson favorite, j’ai immédiatement été séduit par l’idée. Et ouvrir personnellement cette nouvelle rubrique m’est apparut comme un évidence.

(Si vous aussi, vous souhaitez parler de vos groupes et chansons préférées pour vous présenter, envoyez sans tarder un MP à *Cup*!!!)


De tous les chanteurs et groupes que j’adore, celui dont je me sens actuellement le plus proche, qui me touche et me parle le mieux, est sans conteste Stephen Morrissey, l’ex-leader des Smiths, ce groupe culte des années 80.

L’histoire des Smiths est fulgurante. Elle s’étale de 1983 à 1987 et n’est parsemée que de 4 albums et d’une chiée de singles imparables. Rares sont les groupes qui peuvent s’enorgueillir d’être parvenus à ce que chacun de leurs albums soient meilleurs que le précédent (à part les Beatles, je ne vois pas qui d’autres ?)

En 1983, la cité ouvrière de Manchester (comme le reste de l’Angleterre et du monde) ploie sous le poids de la New-Wave L’arrivée de Smiths (traduisez littéralement : les Dupond) est un bouffée d’air frais, car les 4 mancuniens sont les premiers à reprendre le carré magique du Rock : chant-guitare-bass-batterie.

Mais si Johnny Marr et la session rythmique crée une musique affolante et savante, c’est la voix, le chant et les paroles de Morrissey qui conduisent ce rock dans le cœur des teenagers de l’époque. Enfin, un groupe s’adresse à leur quotidien, à leur solitude et à leurs frustrations. Les paroles des Smiths seront une influence majeure pour tout les futurs groupes de rock.
La figure féminine du chanteur et sa façon d’entrer en scène les bras chargés de fleurs sur des riffs sauvages et des roulements de batterie en font rapidement une icône nouvelle dans laquelle toute une génération anglaise, et bientôt mondiale, va se reconnaître. Morrissey incarne à la fois la rage et la sensibilité de chacun d’entre nous.

En 1983, ils réalisent une série de concerts et un premier single (Hand in glove) qui leur ouvrent les portes des studios de la BBC où ils passent, en live, dans l’émission de John Peel. C’est le succès immédiat. En 1984, déçu par une production trop lisse de leur premier album (sobrement intitulé « The Smiths »), ils rééditent moins de 6 mois plus tard, les versions live des mêmes chansons, augmentées de quelques nouveaux singles, comme le célèbre « How Soon is now ? » sur un album non-officiel intitulé « Hatfull of Hollow ». Et c’est la déferlante. Le succès des Smiths ne se démentira plus jamais.
Leur deuxième album en 1985 les propulse à l’état de grâce (Meat is Murder) avant de les consacrer en 1986 avec le magnifique « The Queen is Dead » élu meilleur album pop-rock de tous les temps par un jury de critiques spécialisés. Entre leurs albums, les Smiths donnent des concerts et enregistrent quantité de singles qu’on retrouvera par la suite sur un nombre impressionnant de compilations variées. Mais l’histoire s’achève brutalement après une tournée mondiale (illustrée par l’album live « Rank ») qui les épuisent à coups de conflits artistiques entre les deux fortes têtes que sont Morrisey et Johnny Marr. En 1987 un dernier et superbe album paraît (Strangeways, here we comes) en même temps que le communiqué de presse annonçant la séparation du groupe. Le reste de leur histoire se passera devant les tribunaux pour des conflits de royalties.

La chanson des Smiths dont je voudrais vous parler n’est peut-être pas la meilleure de leur répertoire. J’aurais en fait bien du mal à choisir ma chanson préférée tellement j’aime toutes leurs chansons sans conditions, d’un amour aveugle, certes, et sans doute arbitraire. J’ai choisi de mettre en évidence : « There is a light that never goes out » (Il y a une lumière qui ne s’éteindra jamais) parce qu’il s’agit d’une des chansons les plus emblématiques du groupe, celle qui les a accompagné dans le final de milliers de concerts et que Morrissey aujourd’hui encore est obligé de chanter à chaque prestation sous peine de frustrer ses fans. Il s’agit de l’avant dernière chanson de l’album « The Queen is Dead » (où vous retrouverez aussi « Bigmouth strikes again » et « The boy with a thorn in his side »).

En voici les paroles :

There is a light that never goes out

Take me out tonight
where there's music and there's people
who are young and alive
driving in your car
I never never want to go home
because I haven't got one
anymore

Take me out tonight
because I want to see people
and I want to see lights
driving in your car
oh please don't drop me home
because it's not my home,
it's their home,
and I'm welcome no more

(Ref) and if a double-decker bus
crashes into us
to die by your side
is such a heavenly way to die
and if a ten ton truck
kills the both of us
to die by your side
the pleasure and the privilege is mine

Take me out tonight
oh take me anywhere, I don't care
and in the darkened underpass
I thought oh God, my chance has come at last
(but then a strange fear gripped me and I
just couldn't ask)

Take me out tonight
take me anywhere, I don't care
just driving in your car
I never never want to go home
because I haven't got one
I haven't got one.

(ref)

There is a light will never goes out
(repeat)

(The SMITHS - words by Morrissey/music by Johnny Marr)

Traduction:

Emmène-moi en virée ce soir
Là où on trouve de la musique
et des gens jeunes et vivants
Partons dans ta voiture
Je ne veux plus jamais rentrer chez moi
Car je n’ai pas de chez moi
Je n’en ai plus

Emmène-moi en virée ce soir
Car j’ai besoin de voir des gens
et de voir des lumières
Partons dans ta voiture
Et s’il te plait ne me dépose pas chez moi
Car ce n’est pas chez moi
C’est chez eux
Et je ne suis plus le bienvenu

Et si un bus à double étages
S’écrase sur nous
Mourir à tes côtés
Serait un magnifique façon de mourir
Et si un camion de 10 tonnes
Nous tue tous les deux
Mourir à tes côtés,
Le plaisir et le privilège en seraient pour moi

Emmène-moi en virée ce soir
Conduit-moi n'importe où, je m’en fous
Et dans l’obscure tunnel
J'ai pensé Oh Dieu, ma chance est enfin là
(mais alors une peur étrange m'a attrapé et je n’ai pu que demander)

Emmène-moi en virée ce soir
Conduis-moi n’importe où, je m’en fous
Partons dans ta voiture
Je ne veux plus jamais rentrer chez moi
Parce que je n’ai plus de chez moi
Je n’en ai plus.

Il y a une lumière qui ne s’éteindra jamais.




Au-delà des paroles désespérées, il y a la mélodie, la voix suave et profonde, l’orchestration de cordes sur le refrain, les riffs rebondissants de la guitare et la rythmique envoûtante. Cette chanson est l’introduction parfaite à l’œuvre de Morrissey et des Smiths. Chaque fois que je l’entends (j’ai beau la connaître par cœur), j’arrête ce que je suis en train de faire pour la chanter, l’écouter, la savourer. Elle fait partie de ces chansons qui accompagnent un être au travers de sa vie. Morrissey m’emmène en virée avec sa chanson, comme son personnage dans la voiture. Et avec lui, je me ressource et je me sens vivre. Et je me sens en moi, chez moi. Voilà pour quoi cette chanson fait partie de celle que je préfère.


Discographie:
1984: The Smiths
1984: Hatfull of Hollow
1985: Meat is murder
1986: The Queen is Dead
1986: Rank
1987: Strangeways, here we come

Compilations:
- Louder than Bomb
- Shoplifter of the world
- The Singles
- The Best of (I et II)

Tribute:
- The Smiths is Dead (l'album de 1986 repris par Placebo, Boo Radley, Divine Comedy ou encore Supergrass)


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Enfin, et pour conclure cet article, voici un petit jeu hérité du roman "High Fidelity" de Nick Hornby:

Le Top 5 des albums qui ont marqué ma vie :
1- BERLIN, de Lou Reed (certaines de mes décisions les plus radicales n’auraient pas pu être prises sans l’écoute de cet album magnifique)
2- DEFINITLY MAYBE d’Oasis (un des meilleurs premiers albums de tous les temps, une usine à tubes dont je ne me lasse pas et qui a accompagné mon adolescence et les meilleurs moments de ma vie)
3- I’VE NEVER LOVED A MAN (THE WAY I LOVE YOU) d’Aretha Franklin (il faudrait être sourd pour ne pas comprendre que c’est un chef d’oeuvre essentiel)
4- MEAT IS MURDER des Smiths (l’Album de ma découverte des Smiths)
5- VESPERTINE de Björk (fut un temps où m’endormir sans le mettre en fonds sonore était tout simplement impossible)

Et ma sélection de chansons : the MizAxton Mix :

CD1
01 - Belle & Sebastian : Like Dylan in the movies
02 – Janis Joplin: Try (just a little bit harder)
03 – I Am Kloot: From your favourite Sky
04 – The Coral: Liezah
05 – Peter, Paul and Mary: Leaving in a Jetplane
06 – Macy Gray: Sweet baby
07 – Camille: Paris
08 – Lou Reed: Perfect Day
09 – Morrissey: Hold on to your friends
10 – Joni Mitchell Free Man in Paris
11 – Feist: Mushaboom
12 – Jude: Everything’s alright
13 – Lisa Ekdhal: Now and Never
14 – The Beatles: Octopussy’s garden
15 – Marvin Gaye: I heart it throught the grapewine
16 – Madeleine Peyroux: Dance me to the end of love
17 - Beck BOF: I’ve got the feeling
18 – Kate Bush: Army Dreamers
19 – Cocteau Twins: Road, river and rail
20 – Lamb: Gabriel
21 – An Pierlé: Nobody’s fault

CD2
01 – Brisa Roché: Mystery Man
02 – The Velvet Underground: Sunday Morning
03 – Garbage: Cherry lips (go baby go)
04 – The Stereophonics: Pick a part that’s new
05 – Jean-Louis aubert: des milliers, des millions, des milliards
06 – Gnarls Barckeys : Crazy
07 – Tears for Fears : Everybody wants to rules the world
08 – Saint-Etienne: la poupée qui fait non (the doll who says no)
09 – Bertrand Burgalat : ma rencontre
10 – Deus : little arythmétics
11 – David Bowie : Lady Stardust
12 – Oasis : cigarettes and alcohol
13 – Björk: it’s not up to you
14 – The Strokes: is this it?
15 – Supergrass: pump it up the stereo
16 – Scott Walker: the girls and the dogs
17 – The Smiths: sweet and tender hooligan
18 – Joanna Newsom: peach, plum and pear
19 – Coldplay: Yellow
20 – Elvis Costello: Pump it up
21 – The La’s: There she goes
22 - The Beach Boys - God only knows

Merci à *Cup* (je suis ouvert à tous vos commentaires)