Stupeur en couverture des Inrockuptibles cette semaine puisque c’est l’image d’une femme forte et nue qui s’offre aux yeux des lecteurs ! Même si le magazine nous a habitué aux audaces et autres prises de positions tranchées, il faut avouer que le spectacle de rondeurs dénudées s’étend rarement en couverture de nos différents tabloïds. Alors que nous vaut cette étonnante prise de risque, là où habituellement, trônent les corps les plus
conventionnels du show-business?
GOSSIP !
Non, Gossip n’est pas la nouvelle interjection à la mode, mais le nom d’un groupe de rock mené tambour battant par Beth Ditto, chanteuse pulpeuse qui revendique ouvertement ses rondeurs et déclare : « J’ai compris qu’il valait mieux utiliser mon énergie à changer le monde plutôt qu’à essayer de me changer moi-même. »
Voici plusieurs mois que la presse spécialisée s’intéresse au phénomène GOSSIP, pour ses qualités musicales, pour les débordements joplinesques de sa chanteuse (qui avait bu le Jack Daniel’s au goulot sur scène avant de se déshabiller totalement), mais surtout pour l’énergie démentielle et sexy que cette dernière dégage en concert.
Ce succès a permis à Beth Ditto d’être élue par le NME « Personnalité la plus cool de 2006 », et ce, en affichant ouvertement ses rondeurs, en assumant son excès de poids comme une force de séduction ultime. La jeunesse anglaise s’est d’ailleurs véritablement prise d’affection pour Beth : sa voix soul qui rappelle Tina Turner et Janis Joplin, sa personnalité extravertie (ouvertement lesbienne) et ses kilos superflus accompagnent une façon très directe d’envoyer balader toutes les idées reçues et de faire de ses différences ses principaux atouts. Contestataire, elle fait passer un message qui touche un public sans cesse plus nombreux : ne laissons pas les autres contrôler nos vies, ne renonçons jamais, ne croyons pas ce que les autres veulent vous faire penser de nous-même… et elle aborde des thèmes aussi divers que l’image de soi, la sexualité ou l’appartenance à une minorité.
Pourtant, Beth est longtemps restée la petite grosse d’une petite ville machiste d’Arkansas où sa mère, honteuse et culpabilisante, la cachait sous des T-shirt trop larges. C’est à 19 ans que Beth quitte sa ville pour se rendre à Olympia, la capitale américaine de la culture alternative d’où émergent plusieurs groupes de rock subversifs. Très vite, le groupe de Beth se crée avec ses deux meilleurs amis et, après un album indépendant, le groupe fait la première partie des Whites Stripes (excusez du peu) avant de changer de batteuse pour enfin trouver le son qui les fait exploser sur la scène internationale.
Beth s’exclame : « Ce que je déteste avec la célébrité, c’est la facilité avec laquelle les gens oublient que tu es un être humain. ». Mais elle, qui n’hésite plus à dévoiler ses formes généreuses sur scène, à enlever ses fringues, à crier haut et fort sa différence physique et humaine, nous montre notre humanité et dévoilant la sienne. Elle nous rappelle que nous sommes tous des « freaks » et que nous sommes donc tous beaux et uniques.
En savoir plus?
http://www.gossipyouth.co.uk/index1.html
Ecouter?
http://www.myspace.com/gossipband