22 février 2008

L'Ermite par *°ZzZzZ°*


(suite)
Il y a fort longtemps mes amis, certains détails m'échappent, certains ont été refoulés aux tréfonds de ma conscience, mon être refuse de s'en souvenir. Mais globalement, voici mon histoire. Nous étions six personnes en randonnée sur un terrain sauvage, au bord d'une des nombreuses rivières qui découlent de l'Hudson. Avec moi se trouvaient Cora, ma fiancée, Philippe, un homme massif au corps inimaginable ment tatoué, Jean-Pierre, un très proche

Ami de ma douce, Armand, notre guide et frère de Jean-Pierre et Jacob, un randonneur solitaire que nous avions rencontré et qui s'était fait une joie de nous accompagner.
Notre randonnée s'échelonnait sur deux semaines au maximum pour remonter par les berges le cours de cette tumultueuse rivière et la redescendre en rafting avec un canot pneumatique qu'Armand gardait plié dans ses bagages.

Ce fut un voyage féerique, nos journées se déroulaient sous le signe du soleil, sans anicroche, et mes nuits furent d'une luxure sur laquelle je ne puisse décemment m'épiloguer vu votre jeune âge. Avec ma belle Cora, je vivais des instants magiques. Nous sentions comme avaient pu se sentir Adam et Ève, dans leur jardin d'Éden. Ce voyage était pour nous une occasion rêvée de se débarrasser de nos chaperons. Mais comme dit le vieil adage: " profites-en tant de ce que ça dure", car notre paradis terrestre était menacé.

Le matin du onzième jour, ma compagne et moi fument éveillés par un hurlement horrible. Un son assez fort pour nous sortir de notre torpeur coupable devait être assourdissante à son origine, surtout que nous nous étions considérablement éloignés des autres tentes, discrétion oblige. Couvrant sa nudité de la housse de mon sac de couchage, ma dulcinée s'élança hors de l'atmosphère étouffante de notre nid. J'avais remis, au cours de la nuit, mes sous-vêtements, alors n'étant pas gêné par un fardeau comme elle l'était, j'atteignit les autres avant elle. Je ne puis rendre justice avec des mots à la scène qui s'offrait à moi. Je vis Jean-Pierre, hurlant le nom de son frère, tentant de se précipiter vers sa tente, retenu avec grand peine par un Jacob en caleçon.

Je vis Philippe, nu comme au jour de sa naissance, rendant son souper de la veille aux braises refroidies de notre feu de camp avec un bruit écœurant en pointant d'un doigt blême et tremblant la tente de notre guide.