19 avril 2008

Edito par Homer



Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine, je veux rendre hommage, au travers de cet édito, à un homme qui a fait beaucoup pour les départements français d’outremer, dont fait partie mon île, la Réunion.

En effet, le 17 avril, Aimé Césaire est décédé à l’age de 94 ans des suites de problèmes cardiaques.

Mais, savez-vous qui était Aimé Césaire ?

Poète et homme politique Français d’origine Martiniquaise, il fut l’un des premiers au coté de Léopold Sedar Senghor, de Léon Damas Gontran et d’autres, à faire avancé la cause des personnes noires en France, au travers du journal contestataire l’Etudiant Noir qu’ils ont fondé en 1934. C’est dans les pages de ce journal qu’est apparu pour la première fois le terme négritude.

Né en réaction au racisme du au colonialisme de l’état Français de l’époque, la négritude revendiquait l’identité noire et sa culture, et tendait à affirmer la personne noire en tant que personne à part entière. Dépassant les frontières du simple concept, la négritude devint un courant littéraire.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, il fonde avec d’autres intellectuels Antillais et son épouse, la Revue Tropique. Cette publication avait pour but de combattre l’aliénation culturelle de la Martinique par des œuvres venant de France Métropolitaine Colonialiste et les rares publications Martiniquaise qui caricaturaient la population des Antilles.

Tout de suite après la Guerre, Aimé Césaire s’engagea en politique afin de faire évoluer la situation de la Martinique qui était ressorti exsangue de la guerre du fait de l’embargo imposé par les Etats-Unis contre la France de Vichy. Au-delà de la Martinique il fit avancé la situation de certaines Colonies Française extra marine (la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion) qui devint le 19 mars 1946 des départements d’outre-mer Français.

Il se retira de la vie politique en 2001.

Jusqu’à son dernier souffle, Aimé Césaire, fut un homme très influent et très respecté de tous.

Ainsi, même si ça peut paraître insignifiant, il était important pour moi de rendre hommage à cet Homme qui a su faire évoluer les mentalités sur bon nombre de choses. Cependant, il s’est éteint sans que son combat contre certains préjugés soit achevé, il est par conséquent de notre devoir de prendre son héritage et de combattre certaines discriminations qui persistent dans notre société actuelle.

Sur ce, je vous laisse en compagnie d’un de ses poèmes et des différents articles de cette semaine. Je vous souhaite une bonne lecture et à la semaine prochaine.


Prophétie


où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois

là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux

là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
à rebours la face du temps
là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
à l'espoir et l'infant à la reine,

d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d'avoir gémi dans le désert
d'avoir crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes

je regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l'air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.

[Aimé Césaire]