21 juin 2008

La Chambre de Pureté (par MindGame)


Lorsqu’elle ouvrit les yeux, d’abord elle ne vit rien. Le noir le plus total… Tout ce qu’elle pouvait ressentir était une chaleur étouffante. Sa gorge était sèche, elle avait l’impression que ses poumons étaient devenus deux morceaux de bois. Elle avait du mal à respirer, l’air était à la fois rare et étouffant. Et puis elle se rendit compte que ses pieds et ses mains étaient ligotés. Son système nerveux commença à reprendre ses fonctions. Ce dernier lui envoya des douleurs aigües. Plus elle essaya de bouger, plus les douleurs se manifestaient. Elle était en position assise, elle était sur quelque chose de mou, certainement de la terre ou de l’herbe humide. Ses pupilles dilatées commençaient à s’habituer à l’obscurité. Elle distinguait une ligne de lumière, une ligne d’espoir. Elle comprit, c’était le bas d’une porte qui devait donner sur l’extérieur. Par instinct, elle tenta de crier, mais le son ne franchit même pas sa bouche. Elle était bâillonnée.
Mais où est-ce qu’elle était ? Qu’est ce qu’elle faisait ici ?

Il devait être à peu près 19h lorsque Lucie partit de chez elle pour aller travailler. Elle n’aimait guère ce travail, mais tant qu’elle n’avait pas d’enfant et plus de famille elle pouvait se le permettre. Marchant sur le trottoir, elle observait son reflet dans les vitrines. Celles-ci lui renvoyaient un personnage flou, un corps sans âme, un fantôme…
Lorsqu’elle arrivait sur la Place du Majeur, elle alla se poster à son endroit et n’avait plus qu’à attendre. Attendre le premier client, la première douleur, la première liasse.
Pour un vendredi, la place était plutôt calme, quelques habitués allaient et venaient près de leurs demoiselles préférées. Mais Lucie n’attirait aucun client, ce qui était assez étrange. Soudain elle entendit des pas derrière elle, se retourna et n’eu le temps d’apercevoir la silhouette qui se dessinait devant elle, qu’elle fût assommée.

Voilà le dernier souvenir qui lui restait de ses dernières heures. Mais depuis combien de temps est-elle enfermée ? Elle ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Elle fixa le bas de la porte, sa seule issue. Elle se laissa tomber et commença à ramper comme une chenille. Mais la façon dont elle était attachée ne lui permettait d’avancer que par centimètre. Puis la porte s’ouvrit, un homme se tenait devant l’entrée avec… une bouteille de plongée.
- Alors ma petite, déjà réveillée ? Hum, nous allons devoir procéder plus vite que je ne le pensais. Tant mieux alors.
L’homme rentra dans la pièce et y déposa du matériel de plongée. Apparemment chaque chose avait sa place.
- C’est une chance que tu as, petite ! Grâce à moi, tu vas renaitre, tu vas redevenir pure comme d’antan. Mais ne craint rien, tu n’éprouveras aucune douleur. Le plus rude est déjà fait.
Après avoir disposé son matériel, l’homme s’approcha de Lucie pour lui caresser ses plaies. Il les touchait du bout de son index. Les bras, le ventre et les jambes de Lucie étaient recouverts d’entailles. Elles faisaient chacune plus de dix centimètres de longueur. Mais ce qui lui parût bizarre, c’est que ses plaies avaient déjà cicatrisées et étaient recouvertes d’une substance jaunâtre. A l’odeur, ça devait être certainement du miel.
L’homme enfila une combinaison de plongée et alluma une lampe à huile.
- Tu vois petite, je ne vous choisis pas par hasard. Cela fait déjà quelques jours et nuit que je t’observe. Je vois en toi, le désespoir. Tu as perdu gout à la vie car ton intimité à été trahie. Mais considère-moi comme ton ange ma chérie. Je vais te rendre ce que tu as perdu, ton sang sera aussi pur que la neige.
Des cris étouffés sortaient de la bouche bâillonnée de Lucie, ce qui faisait rire l’homme.
- Tu sais petite, je vais être franc avec toi. Tu n’es pas la première et ne seras pas la dernière. Je vais te dire où nous sommes ! Voici ce que j’appelle la Chambre de Pureté. J’ai moi-même construis cette cabane. Le plus dur à été de la rendre hermétique, surtout du coté de la porte d’entrée. Mais je suis fier de moi. C’est un honneur pour toi d’y être, crois-moi. Tu es comme cette petite flamme qui va s’éteindre dans un verre de cristal.
L’homme se dirigea vers la porte et ferma cette dernière. Sans comprendre ce qu’il faisait, Lucie le regardait attentivement comme si il y avait une dernière chance de s’échapper. Mais en vain, elle était condamnée. L’homme calfeutra l’espace qu’il y avait en dessous de la porte d’entrée. Seule la lampe à huile donnait encore un semblant de vie.
Lucie sentait le taux d’oxygène de la pièce qui commençait à diminuer. Elle tentait de contrôler sa respiration, mais les battements de son cœur lui en empêchaient tellement elle était prise de panique, de folie. L’homme plaça le détendeur de sa bouteille d’oxygène en bouche et regarda Lucie s’évanouir progressivement. Lucie laissa basculer sa tête, elle était déjà partie dans un coma profond, mortel. Après une dizaine de minutes, l’homme retira son détendeur, se leva et s’approcha en apnée près de sa victime inerte.
Il sortit de son sac un couteau à dents de scie. Il regarda son reflet flotter sur la lame. Le visage qu’il avait tant détesté jadis, mais qui maintenant servait à effrayer ses proies. Il observa Lucie, étudia les moindres parties de son corps. Une peau de bébé, un teint cuivré, un visage d’ange. Elle lui plaisait, se fût pour lui une des ses plus belles sépulture.
A l’aide de son couteau, il gratta une par une les croutes des plaies. Comme Lucie avait été en manque d’oxygène, son sang était dorénavant brun avec des reflets noirs. Noir comme l’ébène, noir comme les ténèbres, noir comme la mort… L’homme se recula pour mieux contempler son œuvre. Le sang s’écoulait à bon flot.
Il était maintenant satisfait, il avait de nouveau purifié une nouvelle fille. Il rangea son matériel et quitta la pièce tout en regardant une dernière fois Lucie. Elle avait perdu tout son charme angélique et était passée à l’état de cadavre. L’homme partit mettre ses affaires dans son pick up.
Ensuite il alluma une cigarette, celle que l’on aime après un bon repas et pensa déjà à sa prochaine victime.

MindGame.