
(Troisième partie)
Le feu avait pris et commençait à donner une luminosité qui laissait flotter des ombres sur les parois des murs et réchauffait l’ambiance. Denis se redressa et alla s’installer dans l’un des fauteuils à sa disposition. Il choisit celui à trois places, sachant que Tara désirerait certainement s’asseoir dans le fauteuil « une place ». Il y avait deux divans et deux fauteuils. La disposition de ceux-ci était en rectangle. Il y avait une table de salon basse en chêne foncé. Des livres et des revues recouvraient la table. Vu leur disposition, Tara avait du probablement chercher une phrase, une photo ou quelque chose dans le genre. Les livres étaient ouverts sur certaines pages. Les corpus abordaient différents thèmes tels que ; la psychologie, la métaphysique, la philosophie ou encore les sciences cognitives. Denis repéra quelques auteurs dont il avait déjà entendu parler. Freud, Descartes, Carl Yung.
Apparemment, Tara ne possédait pas de télévision, ni de radio. Aux yeux de Denis, elle devenait de plus en plus marginale. Au dessus de la cheminée, il y avait un portrait d’une femme en noir et blanc. La femme devait avoir la cinquantaine, le regard limpide, une expression neutre. Certainement la maman de Tara.
Tara sortit sa tête entre la baie de la porte de la cuisine.
- Est-ce que ça va, Denis ?
- Oui oui, ne vous en faites pas, le feu vient juste de prendre.
- Parfait ! Il va falloir être encore un peu patient. C’est entrain de mijoter.
- Mais vous n’êtes pas obligé de faire tout ça, vous savez…
- Voyons Denis, c’est avec grand plaisir. Comme vous avez certainement pu remarquer, je n’ai ni télévision, ni radio. Non pas que je suis renfermée, loin de là. Mais les médias ont la particularité de nous envoyer des images hideuses, pittoresques et qui m’affectent énormément. Mais je vous parlerai de ça plus tard. Si vous voulez, vous pouvez feuilleter des livres, la bibliothèque se trouve juste là.
Tara indiqua à Denis une petite étagère isolée dans un coin, remplie de volumes de tous genres.
- Ne faites pas attention au désordre. Je suis un peu bordèlique en ce moment, je n’ai pas encore pris le temps de tout trier.
- Oh, ne vous en faites pas pour ça, je n’y avais même pas prêté attention. Mais je vois que vous avez des goûts variés.
- Effectivement, j’aime consacrer mon temps sur divers sujets, histoire d’avoir des opinions différentes. Depuis toute petite, j’adore les livres, les toucher. Mon grand-père passait énormément de temps à me faire partager sa passion littéraire, et depuis je ne fais que suivre son chemin.
- Je lisais beaucoup lorsque que j’étais petit, mais j’ai vite négligé ce goût.
- Et bien Denis, permettez-moi de vous dire que vous êtes certainement passé à coté de pleins de choses enrichissantes !
- Probablement…
- Bon, faites comme chez vous ! Je retourne surveiller la cuisson. Et merci pour le feu !
- Pas de soucis.
Tara repartit dans la cuisine et laissa derrière elle une sensation étrange aux yeux de Denis. Il avait l’impression de la connaître, comme du déjà vu. Malgré la ressemblance avec Léonore, il avait le pressentiment que c’était autre chose, quelque chose de bien plus profond qui pourrait dépasser l’entendement, la raison. D’ailleurs, il ne comprenait toujours pas pourquoi il avait accepté l’invitation de celle-ci. A son habitude, il aurai négligé l’offre de la femme et serait repartit chez lui comme si de rien n’était. Mais là, quelque chose d’irrationnel l’attirait, une émotion forte et radicale. Son cœur était à jamais brisé et là il commençait tout doucement a se remettre en place grâce à une inconnue.
Le feu crépitait, tout comme les pensées de Denis. Il se laissa aller contre le dossier du fauteuil et pencha sa tête. Il fixait le lustre qui pendait au plafond. La lumière l’éblouissait, rendait aveugle ses propres souvenirs. Le lustre ressemblait à un vieux manège des années soixantes. Il se redressa et pris une des revues qui était sur la table. Un magasine sur la neuroscience, le titre était : « Peut-on changer la mémoire de quelqu’un ». La Une du magasine représentait un visage avec des cicatrices, comme si on avait voulu changer la face de celui-ci. Denis réfléchit si on pouvait changer les souvenirs de quelqu’un, ou encore, ajouter des souvenirs qui n’avaient jamais eu lieu. Si tel était le cas, il effacerait ou modifierait bien ses « flash back » qui hantent ses nuits.
Une horloge lui renvoya la notion du temps. 04h58. Plus il la fixa et plus il avait l’impression qu’elle ralentissait. Il se laissa hypnotiser et s’endormit dans un sommeil, plus que profond…
A suivre…
MindGame.