31 juillet 2008

Syndrome Psychique (par MindGame)



(Sixième partie)

Tara refit irruption dans le salon et alla s’installer là où le fauteuil avait laissé encore la trace de son précédent passage. Elle déposa délicatement deux bols aux dessins asiatiques sur la petite table, enleva les magasines errants et les mis de coté.
- Voilà, c’est enfin prêt. Mon cher Denis, vous allez pouvoir vous régaler. Je l’espère du moins. Ce qu’il y a de bien avec cette petite restauration, c’est qu’elle peut se manger à toute heure et à n’importe quel moment.
Denis regarda le bol qui se tenait devant lui. Une petite brume s’en dégageait. On aurait dit une sorte de soupe ou de bouillon. Lorsqu’il but la première gorgée, une sensation étrange le pris à la gorge. Il sentit une décharge d’adrénaline, des frissons lui parcouraient tout son corps. Lorsqu’il reposa son bol sur la table, il fixa Tara.
- Et bien c’est plus que délicieux, je n’ai jamais bu quelque chose d’aussi plaisant. Qu’est ce que c’est ?
- Comme je vous l’ai dis Denis, c’est un secret qui s’est transmit de génération en génération.
- D’accord, je comprends dit Denis tout en reprenant le bol pour une deuxième gorgée qui ne le laissa guère indifférent.
Tout en tenant son bol entre ses deux main, Tara fixai intensément Denis, ce qui le mit encore plus mal à l’aise.
- Elle doit vous manquer…
Denis faillit s’étouffer.
- Pardon ?
- Léonore, je dis qu’elle doit vous manquer terriblement. Je ne saurai comment vous l’expliquer, mais dès que j’ai croisé votre regard j’ai remarqué que quelque chose de profond vous avait terriblement marqué. D’ailleurs c’est un peu pour ça que je vous ai invité chez moi.
Denis se laissa absorber par l’intensité du regard que Tara lui jetait, comme si elle allait lui offrir un aveu.
- Pour ne rien vous cacher, lorsque je vous ai regardé entrain de dormir pour ensuite vous dire que vous me faisiez penser à quelqu’un, je pensais à mon mari…
- Mais je pensais que vous viviez seule.
- C’est bien plus compliqué que ça en a l’air. Comme vous, il y a quelques années, j’étais avec un homme qui me rendait plus qu’heureuse. Nous partagions des moments d’une richesse rarissime. La vie était magnifique, je voyais tout en haute couleur. Je n’avais jamais été aussi bien. Mais tout ça, fût terminé un jour. Et ça reste toujours un mystère que j’aurai bien trop peur d’élucider.
- Parce qu’il vous a quitté, s’étonna Denis.
- Honnêtement, je ne saurais pas vous dire exactement si il m’a quitté ou pas. Il partait souvent en mission pour son travail durant quelques jours. Mais un soir, lorsque je l’attendais avec gaieté, il n’est jamais rentré à la maison. Je n’ai jamais plus eu de nouvelle, enfin presque.
Les yeux de Tara commençaient à briller, lorsque Denis vit une larme glisser lentement sur la joue gauche de la jeune femme. Comme lui, elle avait été trahie, brisée.
- J’ai attendue jusqu’au lendemain matin, croyant peut être qu’il avait eu un contre temps, un imprévu. Mais lorsque j’allais recueillir le courrier, je vis une enveloppe sans timbre ni adresse. Dessus était juste écrit « A toi… ». Je jeta toutes les autres enveloppes, m’assis par terre et ouvris celle qui me restait en main. Je présentais quelque chose de mauvais, mais je n’avais pas le choix. Il y avait une lettre à l’intérieur écrite à la main, l’écriture de mon mari. Lorsque je lu les premières lignes, je fondis en larmes.
- Et que disait cette lettre, demanda Denis.
- Je l’ai tellement lue et relue que je la connais désormais par cœur :

« Tara, les premiers mots qui me viennent sont : Pardonne-moi. Je t’aime tellement, mais je dois maintenant me tourner vers d’autres horizons. Je suis navré que cela doit se terminer de la sorte. Je suis vraiment désolé de te faire ça, tu mérites d’être plus qu’heureuse. J’imagine quand lisant cette lettre, tu seras bouleversée. Excuse-moi, ce n’est pas ce que je voulais.
Ne m’attends pas, car je ne reviendrai pas… Je t’aime ».

- Voilà plus d’un an que j’ai cette lettre enfermée dans une armoire. D’abord j’ai voulu la brûler. Mais je me suis ressaisie, comprenant que c’était la seule chose qui me restait de Luc… Oui, il s’appelle Luc.
- Je suis vraiment désolé, Tara.
- Oh, ne le soyez pas ! Finalement, nous sommes tous deux un peu dans le même cas. Enfin, je veux dire que nous partageons la même souffrance, la même trahison.
Tara avait entièrement raison, une blessure qui ne se refermera jamais.
A suivre…

MindGame.