12 août 2006

[Musique] GNARLS BARKLEY: They make me CRAZY (par MizAxton)


Voici ce que l’on appelle un O.S.N.I. : Objet Sonore Non-Identifé. Surprenant, excitant, enivrant : « St.Elsewhere », premier album de Gnarl Barkley, a tout pour devenir la bande-son imparable d’un été caniculaire.


Un petit refrain lancinant tombe un matin dans mon oreille : «Does that make me Craaaaaaazy ! Does that make me Craaaaaaazy ! » A qui appartient cette voix étrange, légèrement aigue et cependant graveleuse ? Qui joue de la beatbox et du sample avec cette souplesse nonchalante ? La voix n’est pas sans rappeler celle de Terence Trent d’Arby, mais pas le style ; je pense alors à un Moby du meilleur cru avant de me rendre compte que je suis à côté de la plaque : c’est Gnarls Barkley qui rentre sans prévenir dans la caisse de résonance de ma boite crânienne.

Le duo américain est composé de Cee-lo, un habitué des sessions d’enregistrement d’Outkast, au chant et aux paroles, et de DangerMouse aux platines. Ce dernier a notamment travaillé avec Gorillaz et pondu, il y a 3 ans le cultissime et désormais introuvable « Grey Album. »

Sur foi du prenant « Crazy », je me rue sur l’album « St.Elsewhere » et y plonge à cœur perdu.

Comment appréhender sans sourire de plaisir un album dont l’intro s’intitule « Go-Go Gadget Gospel » ? Roi du déguisement et de la parade, le monstre bicéphale de Gnarls Barkley compose un album fourre-tout nourrit d’influences hip-hop, funk et soul, qui nous entraîne entre dancefloor et loungebar.

Le tube « Crazy », l’inusable « Gone Daddy Gone », l’excellent « Who Cares », le fascinant « The last Time », et le terrible « Smiley Faces » sont autant de pépites jubilatoires serties de paroles truculentes et de rythmes hypnotiques interdisant aux auditeurs d’avoir l’audace de cataloguer le groupe dans un genre et un style déterminé.

Chaque écoute apporte, comme une vague, son lot de coquillages et de perles. Ce qui peut apparaître au départ comme une tentative intéressante d’exploration musicale se révèle rapidement être un dangereux objet d’obsession. Les chansons s’articulent les unes aux autres comme des volutes de fumée bleue ou des ronds dansants de lumière dans la moiteur d’une chaude nuit de douce folie.

Alors, et au risque de paraître instable et versatile, je suis obligé de vous mettre en garde : n’écoutez pas cet album hors norme qui risque de vous mordre les oreilles et de ne plus jamais vous quitter. Pour moi c’est trop tard : I think I’m craaaaazy ! Mais il est encore temps pour vous de fuir si « Crazy » ne vous a pas encore titillé les oreilles…



GNARLS BARKLEY, St.Elsewhere (WEA)

site : www.gnarlsbarkley.com (écoute possible sur le site et vision d’un des plus beaux clips de ces dernières années (Crazy))