Toutes les maisons dans lesquelles j’ai habité m’ont marquée. Il y a eu cette toute première avec son piano et ses grandes pièces où je jouais sans compter ! Cette autre qui avait un très grand balcon mais j’avais peur du vide. Et puis celle que j’ai le plus aimée, avec sa cuisine cosy, son salon où il faisait bon se reposer, cette chambre dans laquelle j’ai commencé ma vie d’adulte, ce grand jardin qui a vu tant de barbecues entre amis. Mais celle-ci aussi il a fallu la quitter. J’avais beau être déjà une adulte ou presque, ça m’avait crevé le cœur. De tous ces déménagements, j’ai perdu des babioles, des souvenirs tangibles, des écrits, des photos. Ça me manque car j’aimerais pouvoir regarder le passé à travers un objectif qui porte bien son nom, il saisit l’instant sans mentir alors que les souvenirs sont troublés par l’esprit.
Mon esprit fécond qui se racontait des histoires pour jouer lorsque j’étais enfant, des histoires pour meubler lorsque j’étais adolescentes et des histoires pour vivre maintenant… Avec tout ce que je vous dis, on pourrait croire que j’ai eu une enfance triste et pourtant, je ne fais que sourire en y repensant. J’ai dû gommer tous les mauvais coups, j’ai cette faculté essentielle d’oublier ce qui fait mal.