10 août 2007

142.4 - L'origine des fées par Ethereal


Bonjour à tous !


Profitons de la semaine à thème sur les Fées pour dresser une présentation sur ces dernières. Qui connaît parmi-nous l’histoire et l’origine des Fées ? Comment et où vivent-elles ? Quels sont leurs rapport avec les humains ? Vous le saurez en lisant la suite !


Bonne lecture !


« On les appelle le Petit Peuple, le Bon Peuple, les Hommes Verts, et de bien d’autres façons. Cette communauté internationale d’êtres immortels est originaire d’Italie où les Fées s’appelaient « fatae », « destinées ». Lorsque la civilisation romaine se répandit dans d’autres pays, les « fatae » suivirent les émigrants et s’installèrent dans les mêmes territoires. En France, leur nom déformé donna fée. Quand les Romains envahirent l’Angleterre, les Fées les accompagnèrent et durent connues pendant des siècles sous le nom de « fays », que les gens de la campagne changèrent en « fairies ».


Les Fées ne réussirent jamais à s’installer en Grèce car elles furent aussitôt chassées par les Nymphes et les Dryades. Mais elles allèrent vers l’est, au Moyen-Orient et en Asie. Durant les quatre derniers siècles, elles ont accompagné les émigrants d’Europe jusqu’en Amérique du Nord, en Australie et dans d’autres pays du Nouveau Monde. En Angleterre et en Irlande, elles sont partout, sauf dans les Cornouailles, le Devon et le Somerset. Elles s’installèrent dans ces pays peu après l’invasion romaine, mais se heurtèrent aux premiers habitants, les Lutins. Pendant le règne du roi Arthur, un grand combat opposa Lutins et Fées, et ces dernières furent chassées à l’est de la rivière Pedder.


La fonction des premières Fées, les « fatae », était d’apparaître dans une maison après une naissance et d’offrir des dons au nouveau-né. Si la famille du bébé les traitait avec tact et sensibilité, elles faisaient don à l’enfant de beauté, de calme et d’amour. Mais si, lors de la cérémonie, une Fée se sentait offensée, elle jetait sur l’enfant une malédiction qui pouvait l’affecter toute sa vie. Dans les cas extrêmes, une Fée offensée pouvait se venger sur les adultes en les rendant chauves, sourds ou rhumatisants… Au cours des siècles, les Fées ont toujours rempli cette fonction, mais elles ont élargi le champ de leurs activités. Une Fée, mâle ou femelle, a en général la forme d’un parfait être humain en miniature. Ceux qui les ont vues disent qu’elles sont « aussi hautes que le genou d’un petit homme » ou qu’elles « arrivent à la tête d’un chien ». Elles peuvent, cependant, grandir ou rapetisser à volonté, prendre la taille d’un gland de chêne ou celle d’un humain à l’âge adulte.


Contrairement à la croyance, les Fées n’ont pas de pouvoir de se rendre invisibles. Les oiseaux, les chevaux, les chiens, le bétail et tous les autres animaux, à l’exception des humains, les voient nettement. Les humains ne les aperçoivent que le temps d’un clignement des paupières, ce qui est peu.


Il y a quand même des exceptions à cette règle. Par exemple, lorsqu’une Fée utilise son pouvoir magique (le « glamour ») pour qu’un humain voie une ou plusieurs Fées ; ou lorsque la lune est pleine la veille de la Saint-Jean. A de telles occasions, un mortel peut voir les Fées danser mais, s’il s’approche trop, elles peuvent le frapper de la maladie de langueur. La troisième exception est provoquée par l’utilisation d’un caillou percé (dont le trou est fait par l’érosion de l’eau d’un ruisseau). Si un mortel regarde à travers ce caillou, il verra nettement les Fées.


Il y a deux sortes de Fées : celles qui vivent en groupe et celles qui vivent solitaires. Les premières sont habillées en vert et elles portent parfois un chapeau rouge orné d’une plume blanche, alors que les secondes sont tout de rouge vêtues.Les bandes de Fées habitent au creux des collines ou sur des buttes de terre, des tertres ou des tumulus, que les tribus préhistoriques élevèrent en l’honneur de leurs chefs décédés. Il est fortement déconseillé aux mortels d’approcher ces lieux, après le crépuscule, surtout les soirs de la pleine lune.


Croire qu’il existe un pays des Fées est une erreur : elles habitent avec nous, dans notre monde, et il apparaît féerique à tous ceux qui peuvent en déceler la magique beauté.Les groupes de Fées qui ont suivi les migrations humaines jusqu’au Nouveau Monde se sont installés dans des lieux qui ressemblent à des tertres. Comme en Europe, les Fées s’y réfugient durant les rudes mois d’hiver et resurgissent au printemps. Leur présence est souvent constatée dans le Nouveau Monde.


Les aborigènes d’Australie disent que les tourbillons de poussière indiquent à coup sûr une armée de Fées en marche. La société des Fées est organisée selon un modèle très proche de celui des hommes, mais elle est matriarcale. Chaque communauté est dirigée par une reine. Il y a aussi un roi, mais il n’est que prince consort. Tout le peuple des Fées est gouverné par la reine Titania et le prince Obéron, dont la cour se situe près de Stratford-on-Avon, en Angleterre. Ils gouvernent avec doigté, laissant une grande autorité aux reines des différents groupes. Titania est une Fée de stricte moralité, mais Obéron est un amoureux ardent, toujours en quête d’aventures avec de jeunes Fées ou de jeunes mortelles.


Chaque année, les reines tiennent une conférence internationale, mais ce n’est pas très sérieux. Elles passent la plupart de leur temps à bavarder, à chanter et à se raconter des histoires sur les bêtises des humains.


Les reines et leur cour soignent beaucoup leur toilette. Leurs habits sont tissés dans la plus belle soie d’araignée et pailletés de sequins en gouttes de rosée. Lorsqu’une reine apparaît à un humain, ses vêtements ne peuvent être touchés ni même sentis par ce dernier.


Les reines maintiennent une discipline stricte dans leurs troupes et elles ont les pouvoirs suprêmes de l’enchantement. Lorsqu’une reine punit une Fée rebelle, elle l’envoie en exil avec l’ordre de ne pas revenir tant qu’elle n’a pas accompli quelque mission. Les reines étant capricieuses, ces missions peuvent être soit favorables aux humains, soit défavorables. Elles peuvent demander à une Fée de donner du bon lait à la vache d’un fermier ou bien d’empêcher les cloches de sonner le dimanche.


Parfois une Fée ne peut remplir sa mission soit parce qu’elle a quelque pitié pour les humains, soit parce qu’elle n’a pas assez de pouvoirs magiques. Dans ces cas-là, une Fée mâle choisit de devenir solitaire. Pour une femelle, il existe un autre moyen de se sortir de cette situation. Elle se place sur le chemin de quelque infortuné mortel et le force à la voir : celui-ci en tombe aussitôt amoureux et l’épouse.


De tels mariages finissent toujours tragiquement. L’épouse Fée est une piètre maîtresse de maison et une amoureuse difficile. Elle regrette la vie libre de sa bande, et le fait de se rendre à l’église la terrifie. Les Fées ne peuvent pas être chrétiennes puisqu’elles rendent hommage au vieux culte païen. Dès que la Fée a un enfant, elle s’enfuit avant son baptême et retourne chez les siens. La reine lui pardonne parce que son mariage a été une punition suffisante, et l’enfant est élevé comme une Fée.


On considère souvent les Fées comme des êtres éthérés et immatériels. En fait, les mâles sont d’héroïques guerriers qui protègent leurs maisons contre les invasions de Gobelins et de Lutins. Un bataillon de soldats Fées armées de lances et d’épées peut affronter n’importe quelle troupe de Gobelins.


La plupart des Fées sont végétariennes, et elles ont une alimentation variée. Elles mangent du miel, du fromage, des fruits, des céréales et tous les produits du jardin. Elles adorent les gâteaux. Elles n’aiment pas le lait qu’elles trouvent trop lourd et boivent plutôt de la rosée ou l’eau des ruisseaux. Parfois, elles distillent une sorte de nectar à partir des fleurs des arbres, mais le fait d’être Fée, pensent-elles, suffit à les enivrer.


Elles sont trop impatientes pour être jardinières ou agriculteurs. Leur besoin d’amasser de la nourriture les conduit à de fréquents conflits avec les fermiers, les apiculteurs ou les jardiniers. Leur morale est la suivante : « Un service (bon ou mauvais) en vaut un autre ». Si un mortel leur accorde une part de sa récolte, les Fées feront tout leur possible pour l’aider. Elles guideront les abeilles sur les fleurs de son jardin, chasseront les chenilles des feuilles de choux et aideront les jeunes plants à pousser.


Mais si un mortel leur refuse ce tribut, les Fées le tourmenteront sans merci. Les Fées ne cuisinent pas bien, aussi dérobent-elles souvent les gâteaux d’une bonne maîtresse de maison. La meilleure façon de les empêcher de prendre trop de pain et de gâteaux, c’est de les marquer avec une croix.


Malheureusement, la bonne volonté des Fées peut poser autant de problèmes que leur malice. Il existe un cas bien connu : quelques Fées décidèrent d’aider un fermier ami en rentrant sa moisson de blé. Le fermier s’étonna que tout son blé ait été moissonné et rentré pendant la nuit. Mais, les nuits suivantes, les Fées moissonnèrent aussi le blé de ses voisins et le rentrèrent dans leur grange. Le fermier eut d’énormes difficultés à expliquer cet acte aux dits voisins.


L’attitude des Fées envers les humains va de la dangereuse malveillance à un réel désir d’aider et de faire plaisir. Lorsqu’elles apparaissent sous l’aspect de petites femmes avec des ailes en fils de vierge et des baguettes magiques, elles se conforment à l’image que les humaines ont d’elles. En effet, elles n’ont pas besoin de voler car elles peuvent léviter, à l’horizontale, à la verticale, et elles n’ont pas besoin non plus, de baguettes magiques.La magie que dispensent les Fées, connue sous le nom d’enchantement, nécessite un pouvoir particulier de la pensée que les humains ne peuvent pas comprendre.


La malice des Fées provient souvent d’un manque de compréhension. Elles sont si gracieuses, si sensibles et si délicates qu’elles ne comprennent pas la maladresse et la stupidité des êtres humains. Elles pensent que les hommes devraient être assez sensibles pour savoir quand ils se montrent blessants, aussi les punissent-elles en conséquence. Elles leur infligent des châtiments variés, allant des cauchemars ou des malédictions qui empêchent, par exemple, quelqu’un de percevoir la saveur de ce qu’il mange, jusqu’à l’enchantement subtil de l’or des Fées.


Grâce à ce sort, un homme a la conviction de savoir où est enterré un trésor. Il suit une trace dans la forêt, voit l’or briller à la pleine lune et le met dans son sac, sûr d’être riche. Mais, sur le chemin du retour, le sac devient de plus en plus léger et, lorsqu’il l’ouvre, il s’aperçoit qu’il ne contient que des feuilles mortes.


Les Fées s’intéressent énormément aux amours des hommes et sont parfois tentées d’intervenir. Si elles approuvent l’idylle, elles font tout leur possible pour aider l’heureux couple. Mais si elles trouvent les partenaires mal assortis, elles peuvent rompre l’union. Les amoureux infidèles les mettent en rage, et elles les punissent en rendant les hommes chauves et les femmes édentées.


La curiosité des Fées entraîne souvent des malentendus. Elles aiment examiner soigneusement les objets faits par l’homme et peuvent se les approprier pour en discuter. En général, elles le rendent, mais pas forcément à l’endroit où elles l’ont pris. Au risque de froisser leur susceptibilité, quelqu’un qui ne retrouve plus un objet à sa place ne devrait jamais faire ce genre de remarques : « Ces maudites Fées ont filé avec ma fourche ! »


Les Fées ont cependant une activité vraiment nuisible pour les hommes : elles volent les plus beaux bébés dans leurs berceaux. La raison de ces vols reste inconnue. Peut-être ne peuvent-elles pas résister à la beauté de ces bébés qu’elles veulent s’approprier. Selon une théorie, elles ont besoin d’humains pour les aider à des travaux tels que moudre le grain pour faire la farine ou cuire le pain. Selon une autre, elles doivent donner des otages au Diable afin qu’il n’intervienne pas dans leurs affaires.


Les Fées aiment participer aux fêtes des mortels et, à cette occasion, elles prennent leur apparence. Elles deviennent alors de beaux jeunes hommes et de belles jeunes filles aux cheveux blonds, mais elles se trahissent parfois car elles ignorent les coutumes humaines. Le mortel qui s’en rend compte sera avisé de n’en rien dire. S’il manifeste du tact, il sera probablement récompensé.


Les Fées n’ont pas de difficulté à communiquer avec les humains. Elles ont un langage propre, qui ressemble à la fois au babil du merle, au murmure de la rivière ou à celui de la brise, mais elles parlent également la langue du pays hôte, ainsi que les langues d’origine de ces contrées telle que le latin, le celtique, le gaélique, le teutonique, le picte et le vieil écossais.


Croire qu’il existe de « bonnes » et de « mauvaises » Fées est une erreur. En fait, elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. Comme les humains, elles ont l’humeur changeante, mais ce sont surtout des êtres qui aiment la gaieté et les fêtes et qui veulent mener en paix la vie qu’elles ont choisie depuis la création du Cosmos. Elles ne montrent leur mauvais côté qu’en face de la brutalité et de la bêtise de genre humain. »


Source : L’Encyclopédie des Mondes qui n’existent pas, Michael Page et Robert Ingpen, Gallimard, 1987, pages 59 à 62.

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